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n20
11 mai 2009

chapitre 1

                               ROMAN_EAU_DE_VIE

Rien ne laissait présager de ce qui allait suivre. Rien. Et pourtant j'aurais du me méfier. Effectivement, il n'est pas courant que pendant une journée calme de week-end, un représentant en chocolat se pointe chez moi. Et pourtant, c'est ce qui s'est passé. Pourtant j'aurais dû me méfier. On n'est jamais trop prudent. Pâques est déjà passé, et Noël est encore loin.

Mais moi, bonne poire, je le laisse entrer. Ben quoi, un mec propre sur lui sonne chez moi, un week-end, alors je me dis qu'il est bien courageux de travailler en plus de sa semaine, et qu'il doit vraiment pas avoir une vie facile pour être obligé de faire du porte à porte par ce beau temps. Car oui, ce jour là, il faisait un soleil de plomb, trés agréable pour la saison.

Je lui propose un café, qu'il accepte, et la conversation s'engage. Il me montre ses produits, toute une gamme plus qu'alléchante pour qui raffole du chocolat. Mais moi, j'aime pas trop ça, le chocolat. Je regarde quand même tous les échantillons, en goûte quelques uns, pour lui faire plaisir. Et la discussion suit son cours.

Ainsi il m'apprend qu'il vient de l'Est, dans le Jura, une petite ville dont j'ai déjà oublié le nom. Mais avec son métier, il est souvent sur la route et ne rentre que rarement chez lui. Il m'avoue que ce n'est pas toujours facile car sa famille lui manque. Et ça je peux aisément le comprendre. Toutes ces longues soirées passées d'hôtel en hôtel, tous ces repas pris dans des restaurants ou des auberges si différents mais pourtant si semblables au final. Une vie sur la route, en voiture, à rencontrer des gens, ceux qui veulent bien ouvrir leur porte, contre tous ceux qui ferment à double tour une fois la présentation effectuée.

Bernard Guibert, c'est comme ça qu'il se nomme, c'est ce qui est écrit sur sa carte de représentant.

Et on discute, à bâtons rompus, sans s'arrêter, ne voyant pas le temps passer. Et l'heure du diner arrive, et on discute encore. Je l'invite à manger avec moi, car étant seul ce soir là, ma femme et les enfants étant partis pour le week-end chez ma belle-mère, je n'avais pu m'y rendre car je travaillais le dimanche. Et c'était l'occasion pour moi de ne pas me retrouver seul, et pour lui l'occasion également de pouvoir diner en compagnie, de ne pas être seul une fois de plus. On prend l'apéritif, on dine, on prend le café, le digestif, bref, la soirée s'avance et nous discutons comme si nous nous connaissions depuis fort longtemps. Trés agréable. Moment d'exception non prévu, mais ce sont toujours ceux là qui retiennent mon attention.

Finalement, l'heure avançant, il prend congé, me laissant sa carte; je lui achète quelques boites de chocolat pour les proches, mais il refuse que je le paie, arguant que cette soirée valait pour lui tous les chocolats du monde. Je connaissais presque tout de lui, ayant vu des photos de sa femme, de ses enfants, de sa maison. Bref, tout ce qui constitue la vie  d'un homme, avec ce qu'il a de plus précieux.

Une fois seul, je me suis repassé le fil de la soirée, de cette rencontre imprévue. Je me rendis compte qu'lle me laissait un goût d'amertume, une sensation d'inachevé, d'une chose pas aboutie. Et je me couchais.

Le lendemain, j'allais bosser. Journée normale à l'usine, mais plus tranquille car il y a je ne sais quoi de plus paisible à bosser le week-end. Les équipes sont allégées, le stress est moins présent. Et le soir, je retrouvais ma petite famille, toute contente d'être de retour. Et je racontais à ma femme ma soirée de la veille, sans omettre de lui parler de mon malaise suite au départ de Bernard. Elle m'expliqua que c'était peut-être dû au fait que nous nous étions trés bien entendus, et que c'est comme si un ami avait pris congé pour repartir, chose qui n'est pas toujours trés agréable. Et nous sommes allés nous coucher.

Le lendemain, en rentrant du travail, je suis allé relever le courrier dans la boite aux lettres, et au milieu des factures et des prospectus, je trouvais une enveloppe vierge de toute écriture. Je l'ouvrais en me disant que ce devait encore être pour un don ou quelque chose de ce genre. Mais au lieu de ça, je trouvais juste un petit carton sur lequel étaient écrits ces simples mots: "JEAN, JE SUIS TON PERE. signé BERNARD".

à suivre...

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